Je remercie l’écrivain et réalisateur franco-afghan Atiq Rahimi – que nous avions accueilli à la librairie Lucioles- de m’autoriser à reproduire son cri de révolte poussé la semaine dernière dans le journal «Libération» après la mise en place par les talibans d’ interdictions pour les femmes de parler en public ou de se parfumer.
« Encore des mots et des cris. Encore des armes et des larmes. Désespérément. Je me demande si j’ai encore des mots à dire sur ma terre natale, l’Afghanistan, figure incarnée de la désolation ! Et la voix pour crier, des armes à prendre, des larmes à verser…
Non. Je me sens aussi démuni que les mains vides d’un père afghan qui rentre chez lui sans pouvoir nourrir sa famille. Aussi humilié que ce jeune garçon qui ne peut avoir la barbe exigée par les talibans. Aussi invisible que cette présentatrice de la télévision afghane, qui n’a pas le droit de montrer des mots sur ses lèvres. Aussi frustré que ces couples amoureux qui ne savent plus se réciter des poèmes de l’aimance… Et aussi sourd et aveugle que les grandes puissances mondiales. Aussi ridicule que ces hommes des Nations unies, attablés avec cette armée des ténèbres, les talibans, qui leur impose même sa volonté de ne pas avoir une seule femme à la table de la négociation !
Quelle mascarade, ce monde immonde ! Ai-je besoin d’écrire encore ces mots ? Je me le demande.
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